Allocution de S. Exc. M. l’Ambassadeur de France au Cameroun lors de la réception organisée à l’occasion de la Fête nationale française, le 14 juillet 2024

Allocution de S. Exc. M. l’Ambassadeur de France au Cameroun lors de la réception organisée à l’occasion de la Fête nationale française, le 14 juillet 2024

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Excellence, Monsieur le représentant du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ministres d’Etat, ministre du gouvernement camerounais,
Honorables membres du Sénat et de l’Assemblée nationale,
Majestés,
Mesdames et Messieurs les autorités civiles, militaires, religieuses,
Dear colleagues, Ladies and Gentlemen,
Chers Amis camerounais, mes chers compatriotes,
All protocol duly observed,

Le 14 juillet à YAOUNDE, YAOUNDE la capitale comme le dit la chanson, est un rendez-vous important de l’année, si j’en juge par votre nombre et votre qualité. Et quand il tombe un dimanche, c’est encore mieux car il nous donne plus de temps.

Ce soir nous sommes près de 2000 personnes ce qui constitue pour moi un premier objectif qui était à mon arrivée de rouvrir largement les portes de la résidence après une période COVID qui avait fortement pesé sur ce moment de convivialité.

Ouvrir d’abord les portes de la résidence à mes compatriotes qui sont ici chez eux. Je les salue en les remerciant pour leur attachement à notre pays et en soulignant combien, ils le savent, La France se montre attentive et bienveillante pour chacun de ses enfants, où qu’il soit à la surface de la planète. En leur disant aussi que la France est un vieux et un grand pays et qu’ils doivent garder confiance sur son avenir même si les circonstances sont aujourd’hui génératrices d’incertitudes. Elle en a vu d’autres, et je vous assure que nous saurons passer ce moment délicat en gardant en nous même une confiance intacte.

Ouvrir également les portes de cette belle résidence à nos amis camerounais, membres du gouvernement qui me faites l’honneur de venir en nombre chaque année, officiels, sympathisants et anonymes, que je souhaite remercier en ce jour pour leur fidélité sans faille et leur profonde amitié. J’en mesure tous les jours la densité et je souhaitais vous témoigner toute ma reconnaissance en vous accueillant ce soir sur le plateau Atemengue, cette terre qui m’a fait l’honneur il y a quelques semaines de m’accueillir dans sa notabilité. Ce soir c’est donc plus que l’ambassadeur de France qui vous parle, c’est aussi un initié qui partage avec vous un peu de l’esprit et du souffle de cette terre de promesses.

Ouvrir enfin les portes de la résidence de France à toutes les autres Nations amies et alliées, au corps diplomatique et consulaire qui me fait l’honneur de partager ce moment de fête nationale, à son doyen, notre ainé à qui j’adresse un témoignage d’amitié et de bon vent, et à vous tous venant des 4 coins du monde qui venez partager un moment de concorde autour de nos idéaux, de notre devise et de l’esprit olympique. Cette flamme si magnifiquement portée ici par une grande championne camerounaise, cette flamme que nous offrions dans quelques jours à Paris à des milliers d’officiels, des millions de touristes et des milliards de téléspectateurs.

Et pour n’oublier personne, je m’adresse à tous ceux qui n’ont pas pu être là ce soir et qui auraient souhaité partager ce moment avec nous. Il m’a fallu en effet serrer un peu les invitations pour rester dans un format compatible avec les capacités d’accueil de cette résidence. A ceux-ci je dis que nous faisons chaque année tourner les invitations et que l’année prochaine ils auront j’en suis sûr leur place parmi nous.

L’année dernière je vous parlais de Nous, ce collectif qui multiplie et qui fusionne plus qu’il n’additionne. Ce NOUS qui, comme le grain de sénevé, doit être mis en terre pour donner du fruit. C’est sur ce dernier point que j’avais conclu l’année dernière en vous demandant de travailler cette semence tout au long de l’année afin de la faire mûrir dans les esprits et dans les faits.

Notre attention commune et nos bonnes volontés fédérées ont je crois bien labouré la Terre de notre partenariat et cette graine a pu s’épanouir un peu plus grâce à ce collectif. Un collectif capable de dépasser les aventures individuelles et de surmonter les obstacles conjoncturels.

J’ai essayé cette année, en toute modestie, de faire ma part. Nous avons essayé avec l’équipe France qui m’entoure aujourd’hui et que je remercie de son engagement, de faire croitre avec patience cette relation. Et je sais que vous aussi, chers amis, vous avez œuvré pour faire de même. Et c’est la principale raison de votre présence ce soir.

Nous sommes donc dans l’action. L’action sous toutes ses formes. C’est le sens de mon message principal ce soir : donner au Nous une direction, un horizon, un objectif, une incarnation.

Faire, savoir faire et faire savoir ou, pour le dire autrement, Agir ensemble, maintenant, ici et là-bas. Et les trois termes ont leur importance.

Maintenant, car il n’est plus temps d’attendre pour entreprendre. Le monde va trop vite et ce serait la meilleure façon de ne rien faire de grand.

Ensemble, car il n’y a pas de partenariat qui tienne sans une obligation d’engagement mutuel et la convergence d’intérêts communs.

Ici et là-bas, au Cameroun et en France, car une relation c’est un échange, un lien qui ne peut être unilatéral. Et je salue le travail en commun que nous faisons avec mon ami André EKOUMOU, mon homologue à Paris, pour tenter de bâtir des deux côtés des actions équitables et réciproques.

Permettez-moi de préciser un peu ce que signifie « donner du sens à l’action partenariale », ce que nous entendons Faire. Permettez-moi de vous présenter les convictions qui m’animent, qui nous animent au moment de faire des choix.

FAIRE, C’EST D’ABORD SAVOIR PRENDRE DES RISQUES.

Vous connaissez la formule : quelqu’un qui veut faire quelque chose a contre lui trois adversaires redoutables. Celui qui voulait faire la même chose, mais qui n’en pas eu le courage ; celui qui voulait justement faire l’inverse ; et l’immense cohorte de ceux qui veulent que rien ne change.

Faire, c’est donc prendre des risques et casser les habitudes. Faire, c’est un tempérament plus qu’une intelligence, une forme de radicalité plus qu’un compromis, une énergie plus qu’une force. Faire, ce n’est donc pas faire comme d’habitude.

Et j’en veux pour preuve quelques initiatives qui témoignent de cette volonté de lancer du neuf, de tenter des expériences sans toujours calculer précisément les résultats. D’oser, tout simplement :

Start-up 237, un programme de promotion de plus de cent start-ups camerounaises. Avec le Ministre d’État, ministre de l’enseignement supérieur, avec les Ministres des PME, de l’Économie solidaire et de l’Artisanat, de la formation professionnelle et d’autres encore qui nous accompagnent dans ce projet, avec les incubateurs, les universités, la société civile, nous parions sur l’avenir. Je suis certain que nous démontrerons la pertinence de ce laboratoire et que plusieurs de ces pépites, présentes ici ce soir et que je salue, seront demain des grands succès pour le Cameroun de demain mais aussi pour l’intérêt de la France qui aura su leur mettre le pied à l’étrier.

L’équipe France s’est aussi engagée en accompagnement d’une force de protection civile capable de faire face à tous les aléas que le pays pourrait connaitre. Beaucoup nous disent que le projet DESAUTEL qui vise à équiper et opérationnaliser les sapeurs-pompiers militaires du Cameroun est très ambitieux. Je vous dis, au contraire, que ce sera une formidable réussite, un service public moderne et efficient capable d’agir sur tout le territoire au plus près des populations.

Bien d’autres exemples pourraient venir compéter cette liste. Mais le temps nous manque.

Faire, c’est aussi prendre garde de ne pas confondre l’action et l’agitation. Non, l’éphémère temporalité des réseaux sociaux ne doit pas nous tromper. La communication n’est pas une fin en soi et chaque action ne peut se limiter à une inauguration formelle. Vous le savez, je ne serai pas l’ambassadeur des premières pierres. Faire, c’est donc aussi modifier le réel et s’attacher à une logique de résultat.

FAIRE, C’EST CHANGER LA VIE DES GENS :

C’est apporter une énergie électrique bon marché aux hommes et aux femmes qui travaillent : Nachtigal n’est pas qu’un barrage, c’est un levier de croissance et d’activité pour le pays. Et chaque mise en route d’une nouvelle turbine le démontrera.

C’est faire reculer la mortalité infantile et celle de femmes en couche. Le chèque santé financé sur le C2D avec nos amis allemands, c’est du potentiel humain en plus pour le pays.

A travers le programme Capitales régionales, c’est changer la vie quotidienne des habitants de cinq grandes villes du pays car la route, la voirie, l’accès à l’eau, les marchés les terrains de sport sont des conditions nécessaires pour fixer les populations sur leurs zones de vie. L’envie, comme le disait le Président BIYA dans son discours à la jeunesse en février dernier ; donner l’envie aux jeunes de faire leur vie ici.

C’est l’arrivée de nouveaux avions plus modernes plus confortables que la compagnie Air France KLM nous annonce pour cet automne.

Et puisque je vous parle de liaisons aériennes, c’est aussi offrir un service de visa qui puisse fonctionner dans des conditions d’accueil et de délivrance décentes, rapides et transparentes. Faire en sorte que cette question ne soit plus une angoisse mais une formalité. J’y travaille depuis deux ans et je crois que les choses se sont maintenant bien améliorées.

Je pourrais égrener encore longtemps la liste des actions que nous conduisons ensemble. Elles ont un point commun ; elles changent concrètement la vie des gens. Écoutez-les ; ce sont eux qui en parlent le mieux.

ENFIN FAIRE, C’EST SAVOIR UTILISER LES BONS LEVIERS.

Trouver et mobiliser ces bons leviers est essentiel, car ce sont eux qui permettent de démultiplier les forces, alors que les besoins sont immenses et que les ressources sont comptées. Il faut donc sentir et définir ensemble les points sur lesquels appuyer pour produire des effets à l’échelle voulue. Sans quoi on pourrait être accusés d’arroser la plage pour nous faire plaisir.

8000 entreprises agricoles ont été prises en compte dans le programme ACEFA financé par le C2D. C’était à la une des journaux la semaine dernière. 8000 petites actions, invisibles prises l’une après l’autre mais qui convergent toutes vers une même volonté de moderniser l’agriculture du Cameroun et d’assurer son autosuffisance alimentaire.

Que dire du dialogue des cultures, orchestré ici par le SCAC, dont je salue ce soir Yann LORVO notre COCAC, qui va nous quitter bientôt. Son mot d’ordre a été pendant quatre ans : pas une semaine sans un évènement culturel bâti en commun.

Un des derniers en date, le FOCUS CAMEROUN 3 conduit à Paris et à Montpellier début juin, a été une formidable célébration de ce que nous pouvons faire ensemble. Et l’année prochaine se sera mieux encore. Cette dimension culturelle de la relation est un bras de levier immense dont personne ici ne peut mesurer la puissance.

Et que dire du levier de l’enseignement et de la recherche, grâce auquel près de 4000 jeunes construisent chaque année sans le savoir un Erasmus transcontinental. Cet engagement de la France mais aussi de ses partenaires européens et nord-américains à accueillir à différents niveaux de formation de jeunes Camerounaises et Camerounais est notre fierté et notre intérêt commun.

Je terminerai par le levier de la mémoire : comment bâtir sereinement l’avenir sans un passé apaisé ? La Croix de Lorraine que nous venons d’inaugurer il y a quelques minutes dans le patio de la résidence témoigne que la France Libre était aussi constituée de Camerounais libres, dont nous devons honorer la mémoire. Et je salue la présence ce matin sur l’avenue Foch d’un drapeau et d’un détachement militaire camerounais qui venait témoigner au milieu de ses frères d’armes de la présence de nombreux Camerounais au débarquement de Provence dont nous commémorerons le 80ème anniversaire le 15 aout prochain. Allez voir tout à l’heure cette croix de Lorraine qui s’illumine aux couleurs de nos deux drapeaux.

Notre travail de mémoire passe aussi par un nouveau regard critique et scientifique sur notre histoire commune. Dans quelques mois, la commission mémorielle franco-camerounaise rendra son rapport sur le rôle et l’engagement de la France au Cameroun dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition pour la période allant de 1945 à 1971. Je formule des vœux pour qu’il puisse être remis ici et là-bas, comme il le mérite et comme le souhaitent nos deux présidents qui se sont entendus sur sa pertinence et sa nécessité.

Voilà, chers amis, en quelques mots et quelques exemples ce que nous FAISONS ENSEMBLE.

C’est un travail impressionniste fait de mille petites touches de couleurs. Et nul ne peut encore en voir clairement le résultat car pour beaucoup d’entre nous, ce travail est avant tout un acte de foi et de confiance. Inspirons-nous à cet égard de la sagesse Bamoun selon laquelle « comme les termites le disent : petit à petit, tout cela s’amoncelle » ! Le moment du dévoilement ne nous appartient pas. Il viendra en son temps. Ce qui fait la force et la valeur de ce travail c’est dont sa gratuité. C’est ce qui le distingue de l’acte intéressé que d’autres peuvent venir proposer.

Ce travail est fait d’humilité et de patience et je souhaite remercier ici toutes celles et tous ceux qui, au quotidien, Français et Camerounais, travaillent avec acharnement à ce que chaque coup de pinceau puisse prendre la bonne teinte à l’œuvre collective.

Permettez-moi d’associer en cet instant toutes les bonnes volontés qui nous accompagnent ce soir et toute l’année. Les sponsors, mécènes et donateurs qui savent se montrer très généreux à chaque rendez-vous. Eux aussi croient en notre Action, au bénéfice de ce partenariat qui pousse un peu chaque jour vers la lumière, sans que personne ne puisse s’en attribuer seul les mérites.

Ce travail, nous allons le poursuivre encore cette année, une année sensible pour nos deux pays. Avec la sérénité des vieilles troupes, nous continuerons d’agir, avec une grande confiance dans la solidité de nos liens et la conviction que notre avenir s’écrit en commun.

Je vous donne rendez-vous au 14 juillet prochain pour que nous puissions une nouvelle fois revenir sur le métier et mesurer ce que Nous aurons Fait ensemble dans l’année qui vient.

Vive la France Vive, vive le Cameroun et vive le partenariat franco-camerounais dont nous portons à la fois l’héritage et l’ambition./.

Dernière modification : 03/09/2024

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